L'orient le Jour
Beyrouth, Liban
Samedi 24 Juillet, 2004

Success story - Le nouveau directeur du Mepi dans l'Administration Bush est un Libanais
Walid Maalouf : un pied à Kfarkatra, un pied aux États-Unis

WASHINGTON , Irène MOSALLI

Il est par excellence l'émigré libanais qui arrive à avoir un pied dans la mère patrie et un pied dans son pays d'adoption. Il vit pleinement dans l'un et l'autre de ces deux mondes. Il s'agit de Walid Maalouf, qui est parti, sans complètement partir. Né d'un père, Wadih Maalouf, de Kfarkatra, et d'une mère, Marie Georges Abi-Saleh, de Douma , il est installé aux États-Unis depuis 1979. Là, il s'est totalement intégré jusqu'à occuper un poste dans l'Administration Bush : il vient d'être nommé directeur de la Diplomatie publique pour l'initiative de partenariat au Moyen-Orient, le Mepi, relevant de l'USaid.

Nous lui avons d'abord demandé en quoi consiste ce travail. « Notre mission, a-t-il expliqué, consiste à porter à l'attention des médias moyen-orientaux et des communautés arabes aux États-Unis les programmes que le président Bush a prévus pour la région, car ces programmes sont souvent faussement perçus. Nous axerons nos efforts sur les quatre piliers de " l'Initiative de partenariat avec le Moyen-Orient " qui sont : la démocratie, le développement économique, la participation de la femme à la vie politique et l'éducation. » 

Hommage à sour Marie Boulos

Walid Maalouf connaît ces sujets à fond. Avant ce poste, il travaillait dans le secteur bancaire international mais, parallèlement, il a toujours activement collaboré avec des organisations américano-libanaises. Il a aussi été membre du Parti républicain en tant que représentant de la communauté libanaise, dans les années 90. Il a donc beaucoup d'expérience dans le mécanisme des relations entre ces deux cultures, qu'il s'est fait un point d'honneur de toujours renforcer. Et ce depuis son arrivée sur le sol américain, le 27 juillet 1979. En témoigne, sa première initiative dans ce domaine.

« À cette époque, explique-t-il, j'avais reçu une bourse d'études de la supérieure du Collège du Sacré-Cour de Belmont (Caroline du Sud), sour Marie Michel Boulous, qui est d'origine libanaise et qui a aidé plusieurs enfants libanais fuyant leur pays en guerre. Comme son pays d'origine n'a jamais reconnu les efforts qu'elle avait fait pour aider les siens, j'ai organisé moi-même une cérémonie à laquelle j'avais convié un millier d'Américains d'origine libanaise, de même que des dignitaires de Caroline du Nord et nous avons planté un cèdre sur le campus du collège. » 

Le pays du Cèdre, le sien, est toujours présent en lui. Depuis sa naissance à Beyrouth, le 26 juin 1955. C'est là qu'il a grandi avec ses trois sours, Nina (réalisatrice de vidéos à Los Angeles ), Wafa (professeur à l'Université de Balamand et directrice des infirmières à l'hôpital Saint-Georges à Beyrouth) et Souha (économiste vivant et travaillant à Paris ). Son père possédait une épicerie à Beyrouth, à la rue Saint-Élie, face à la maison familiale. Son école était non loin de là : le Lycée Abdel Kader. Parmi ses meilleurs souvenirs d'enfance, les visites à ses grands-parents paternels et maternels.

La restauration de l'église du village

« C'était une joie, se souvient-il, que d'aller voir ma grand-mère à Kfarkatra. Elle s'appelait Aminé. C'était une solide maronite et une battante qui avait élevé seule ses trois enfants après avoir perdu très tôt son mari. J'ai donné son nom à l'une de mes filles. À Douma, je retrouvais ma grand-mère maternelle, Atina, une forte personnalité grecque-orthodoxe. Elle avait une très belle voix. Quant à mon grand-père, menuisier doué et bel homme, il aimait à graver des icônes. »

Walid Maalouf restera, lui aussi, dans la mémoire de Kfarkatra car il a mené sans répit une campagne de collecte de fonds pour restaurer l'église du village, dédiée à Notre-Dame de la Délivrance. Une initiative qu'il a menée en collaboration avec plusieurs ecclésiastiques, dont l'evêque melkite aux États-Unis, Mgr John Adel Élia. Ensemble, ils ont réuni 122027 dollars. Une somme qui provient notamment de 136 donateurs privés, de trois organisations américano-libanaises et quatre organisations catholiques. Les plans de réaménagement ont été exécutés par l'ingénieur Sleiman Mounzer. Les travaux ont commencé en été. La remise à neuf doit être achevée cette année. Cette église, qualifiée depuis toujours de « perle de Kfarkatra », avait été bâtie en 1899 par Khalil Mitri Youssef Nassif Maalouf. L'an dernier, l'ambassadeur des États-Unis au Liban, M. Vincent Battle, avait visité ce chantier et avait mis l'accent sur l'excellente coopération de l'USaid avec les municipalités locales.

Aujourd'hui, elle retrouve donc tout son éclat, grâce en particulier à Walid Maalouf, l'un des descendants de son fondateur et un homme habité par son pays d'origine. Walid Maalouf est marié à une Américaine, Janet Marie Helms, qu'il avait connue à l'université aux États-Unis. Ils ont deux enfants : Charlotte-Aminé, Wadih-Benjamin. « Leurs prénoms libanais, dit-il, sont ceux de ma grand-mère et de mon père. Leurs prénoms américains sont ceux de la mère et du grand-père de ma femme. »